223 tonnes de carbone. C’est la quantité de CO2 produite par une campagne de communication nationale multi-supports sur deux mois, soit l’équivalent d’1 393 304 km en voiture. Pour réduire l’impact des campagnes de communication, l’agence de communication Dagré est l’une des premières à proposer à ses clients d’établir leur bilan carbone. Elle a créé en 2012 un éco-calculateur, baptisé Bilobay. Développé avec l’aide d’un expert technique spécialisé dans la transition bas carbone, Alternative Carbone, l’outil couvre tous les champs de la communication : print, radio, TV et digital. Bilobay vend des honoraires d’accompagnement sur le projet de réduction carbone de ses clients. « Ils nous donnent leurs données et on s’occupe de faire le calcul de leurs émissions carbone. Enfin, on leur dit comment les réduire », détaille Jean Dagré - fondateur de l’agence éponyme.
Avant le début du calcul, le client fournit le plan média et la liste des prestataires (fabricants, comédiens, diffuseurs...). En bref, il doit donner toutes les données relatives à la ou les campagne(s) de communication à analyser. Finalement, l’agence présente un résultat détaillé des émissions carbone de chaque média utilisé, pour chaque poste et à chaque étape de sa conception-création à sa diffusion en passant par sa production. De quoi permettre à l'annonceur de « comprendre sur quelle étape il peut réduire son impact sans pour autant perdre en efficacité ». Lorsqu'il est réalisé à temps, le calcul permet de réagir avant le début de la campagne de communication. « En moyenne, nous arrivons à réduire les émissions de 6 à 20 % », indique le fondateur de l’agence basée à Strasbourg.
Concrètement, la réduction des émissions passe par de nombreuses actions comme la gestion de fin de vie de la campagne. Très souvent, une vidéo devient obsolète entre un et trois ans. « Il suffit de définir une date de suppression des vidéos dès leur publication pour cesser leur impact. » Ça passe aussi par « encourager les équipes à se déplacer à vélo plutôt qu’en voiture quand cela est possible ». Cela peut aussi se faire en ayant une meilleure organisation, en choisissant mieux ses fournisseurs, en jouant sur la durée des vidéos ou simplement en optimisant son plan média. « Réduire une diffusion d’un spot TV de 800 à 750 passages peut générer les mêmes résultats pour une marque. Par contre on diminue son empreinte carbone ». Faire appel à cet outil représente donc aussi un intérêt économique.
Une fois le maximum fait pour réduire ses émissions, le spécialiste va plus loin en proposant de « compenser celles qui sont incompressibles pour arriver à la neutralité » ou presque. Pour cela, il conseille de rejoindre des projets labellisés par l’ONU : « ce sont de vrais projets de captation carbone ». Il donne l’exemple de missions d’entretien des forêts de Bornéo ou de fourniture de filtres à eau à des tribus au Kenya. En revanche, il met en garde sur le fait que « planter un arbre ne permet pas de capter du carbone dès le début mais seulement après une dizaine d’années car l’arbre peut être à nouveau coupé, brulé, … Et du coup il n’aura aucune activité de captation carbone ».